Table ronde finale de présentation du bilan du Plan Régional Santé Environnement (PRSE) 3 de la Ville de Tournefeuille, le 8 juin 2022.
En présence de :
André CICOLELLA, Président du Réseau Environnement Santé (RES)
Christelle DELMON, Chargée de mission risques sanitaires et environnementaux à la DREAL Occitanie
Dominique FOUCHIER, Maire de Tournefeuille
et des parties prenantes du plan d’actions.
Lauréate de l’appel à projets du Plan régional santé environnement Occitanie en 2020, la Ville de Tournefeuille (27 000 habitants) a fait de la lutte contre les perturbateurs endocriniens, un axe central de son projet en santé environnementale.
Entre formation interne, sensibilisation auprès des jeunes, augmentation de la part du bio dans la restauration collective, changement des produits d’entretien ; retour sur les actions structurantes menées sur l’année 2021-2022 avec le soutien financier de la DREAL et de l’ARS Occitanie, et l’appui du Réseau environnement santé (RES).
"Protéger les plus jeunes, qui sont les plus vulnérables aux perturbateurs endocriniens, a été le fil rouge de notre plan d’action", explique Isabelle Meiffren, 1ère Adjointe déléguée à la transition écologique. Nous savons depuis la publication de l’étude ESTEBAN de Santé publique France, que l’ensemble de la population française est imprégnée de perturbateurs endocriniens, et que cette imprégnation est plus forte chez les enfants.
Si les débats scientifiques quant aux niveaux de risques sanitaires encourus continuent, un consensus s’est établi sur la nécessité de réduire l’exposition des populations aux perturbateurs endocriniens (PE), tant la progression des maladies endocriniennes notamment chez les enfants devient un problème sanitaire majeur, d’autant plus inquiétant qu'ils sont omniprésents dans notre environnement.
Comme le soulignait Dominique Fouchier, le Maire de Tournefeuille lors de la signature de la charte « Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens » du RES en mars 2021, l’objectif de passer d'une population aujourd'hui exposée à 100 % à 0 % n'est pas envisageable. Mais réduire tout ce qui peut l'être, former, informer, est en revanche un impératif.
Aussi, des formations ont été délivrées au démarrage du projet. Elles ont été importantes pour délivrer des connaissances de premier niveau, créer en interne une culture scientifique commune minimale.
Démontrer que la collectivité ne partait pas de rien et que d’autres leviers peuvent être actionnés fut un autre acquis de ces formations, dont certaines ont été apportées par le CNFPT.
Service jeunesse, service prévention et parentalité, service des marchés et achats, service de la restauration scolaire, agents de prévention aux risques professionnels, service culturel… : de nombreux agents (70) et relais internes ont été familiarisés, voire directement impliqués dans le projet, sous l’égide de la « mission transition écologique de la collectivité ».
En matière de sensibilisation des jeunes, « cible majeure », leur mobilisation doit beaucoup au fait qu’ils ont eux-mêmes défini ce qu’ils voulaient faire et comment ils souhaitaient s’organiser pour le faire, au risque de bousculer ce qui avait été envisagé par les élu.e.s.
Création d’un jeu de rôle qui met les joueurs en situation de « repérer » les PE dans les produits de consommation courante, ateliers sur les contenants (et les contenus) alimentaires, ateliers de fabrication de produits domestiques « zéro plastique, zéro déchet » : les actions se sont égrainées dans la durée, avec l’appui d’animateurs référents présents auprès d’une vingtaine de jeunes volontaires.
En guise de clôture de leur projet, ils ont réalisé en toute spontanéité une courte vidéo :
Des ateliers petit format plutôt que des grandes conférences !
Une quarantaine de familles - des mamans pour la plupart - ont participé à des ateliers de sensibilisation, l’un à l’initiative du service parentalité, l’autre à l’initiative du service culturel, via la médiathèque. Si le format a été imposé par la COVID 19, ces ateliers à 20 participants maximum ont permis à certains participants qui se sentent concernés par des pathologies endocriniennes, de trouver de l’écoute et des conseils, dans un climat bienveillant et non culpabilisant.
Pour la collectivité, ces conversations intimes « en petits cercles » sont à démultiplier, en ciblant les publics, selon les recommandations d’André Cicolella, président du RES : « il convient pour plus d’efficacité de cibler en priorité les jeunes, les jeunes filles et les potentielles futures « mamans », sans oublier les femmes enceintes, les 1000 premiers jours étant décisifs.
Restauration scolaire : le choix du bio et de l’inox
La santé de nos jeunes passe aussi par la qualité de leur alimentation. Cela fait maintenant plus de 10 ans que la Ville de Tournefeuille a décidé d’augmenter la part du bio dans sa restauration scolaire. Parce que « le bio » c’est bon pour la santé, celle des consommateurs, celle des agriculteurs (qui sont les plus exposés), celle des écosystèmes et des chaînes alimentaires. Des liens sont aujourd’hui clairement établis entre certaines pathologies et l’exposition aux pesticides. Toutes les pathologies ne sont pas endocriniennes, certes, mais 3/4 des pesticides sont des perturbateurs endocriniens, avérés ou suspectés.
Ce constat légitime auprès des familles les efforts portés par la collectivité pour porter la part du bio à des niveaux très élevés, et à prix maîtrisés. Précisons que du fait d’une tarification très progressive, en fonction des revenus, les ménages à faibles revenus ne sont pas tentés de quitter la restauration scolaire, pour des raisons financières.
Aujourd’hui, la Ville de Tournefeuille est labellisée ECOCERT niveau 2 avec 49 % de produits bio dans notre restauration collective.
La lutte contre les PE ne s’arrête pas au contenu des assiettes. La restauration scolaire de Tournefeuille a engagé un plan de remplacement des contenants en plastique, par des matériels en inox et en verre. Ce plan qui a bénéficié d’un soutien de l’ADEME, s’accompagne d’un aménagement des postes des agents et une adaptation du matériel de livraison dans les restaurants satellites, pour éviter l’émergence de troubles musculo-squelettiques : les plats en inox sont bien plus lourds que les plats en plastique.
Dernier engagement de long terme : la traque des PE dans les produits d’entretien
En 2021, un travail approfondi a été mené afin d’intégrer des critères de santé environnement dans le marché des produits d’entretien utilisés par la collectivité. Cette démarche a nécessité l’appui d’un expert en écotoxicologie, pour analyser la composition des produits proposés et objectiver la grille de notation.
Le marché, signé à titre d’essai pour une année, s’est traduit par une forte montée en puissance des produits écolabellisés ECOCERT et Ecolabel européen, qui représentent les 2/3 des produits achetés.
Au terme d’une année d’utilisation de la nouvelle gamme, les agents d’entretien ont été invités à faire remonter leurs appréciations en tant qu’utilisateurs du quotidien.
Même si certains produits sont déclarés moins pratiques à appliquer, la nouvelle gamme donne satisfaction. La méthodologie élaborée pour ce marché est donc actuellement utilisée pour préparer un nouveau marché pluriannuel.
Quelles perspectives ?
"Malgré la nouveauté du sujet, malgré le sentiment d’impuissance que chacun peut ressentir à un moment ou un autre devant l’ampleur du défi, nous disposons de bases solides pour poursuivre nos actions, les services ayant pu mesurer combien le travail en transversalité est essentiel pour réussir", souligne Isabelle Meiffren.
Nous avons également l’appui du Réseau environnement santé, et la force des 200 collectivités signataires de la charte au niveau national pour hiérarchiser nos actions, être de plus en plus pertinents dans nos choix.
Enfin et surtout, nous nous réjouissons de la publication le 25 avril 2022, de la feuille de route européenne, qui va interdire la fabrication de plusieurs milliers de substances toxiques pour notre environnement, dont de nombreux perturbateurs endocriniens, et autre substances mutagènes, cancérigènes,… et cela dès 2030 !
Sensibilisation des jeunes aux perturbateurs endocriniens, le 21 juillet 2021
Atelier pratique avec les jeunes et Zero Waste Toulouse : fabrication de Tawashis (éponges à base de tissus recyclés), le 13 avril 2022.
Bibliographie :
Plus d’informations sur les perturbateurs endocriniens :
https://www.perturbateur-endocrinien.com/liste-perturbateurs-endocriniens/
Plus d'informations sur le plan régional santé environnement Occitanie :
http://www.occitanie.prse.fr/
Plus d’informations sur les pesticides :
https://presse.inserm.fr/publication-de-lexpertise-collective-inserm-pes...
L’étude ESTEBAN de Santé publique France :
http://www.reseau-environnement-sante.fr/cp-enquete-esteban-de-sante-pub...